Sport
Moi, l’étranger, au milieu des Catalans pour le Clásico de l’indépendance
Il n’est pas 17 heures. Samedi 26 octobre 2013. Je suis à l’intérieur de l’enceinte du Camp Nou. Dans une heure, le FC Barcelone, celui de Xavi et de Iniesta, de Puyol et de Busquets, le Barça d’aujourd’hui, en communion intime avec les Barca de Pep Guardiola, de Tito Vilanova, de Robson, de Rickjard, de Cruyff, de tous les sutres, ce Barca que même Franco n’a pas pu dissoudre et abattre affronte dans ce Clásico de l’indépendance le Real Madrid de Carlo Ancelotti.
Ce match n’est pas un Clásico comme les autres. C’est le Clásico de l’indépendance. C’est le Clásico de ce moment où la Catalogne n’est déjà plus espagnole, où l’Espagne a déjà perdu Barcelone, Girona et Tarragone, où le Roi et la corrida ont disparu du vocabulaire catalan, où la Catalogne brille de sa liberté, où l’Espagne pleure sa corruption, ses vilenies passées, ses agressions et ses assassinats. La Catalogne, elle, ne veut plus être une colonie de l’Espagne, pillée, ignorée, critiquée, fiscalement assommée. La Catalogne veut être libre, indépendante et fière d’elle. Et la route vers l’indépendance, qui a passé par le 11 septembre 2013, qui s’achèvera par la proclamation unilatérale de sa liberté le 11 septembre 2014, passera par le plébiscite populaire et, ce soir, par ce match de l’indépendance.
On sent un frémissement populaire indéfinissable. Le Catalan attend la déclaration d’indépendance depuis 300 ans. Il ne faillira pas. En mémoire des morts de jadis, des héros du passé, du premier d’entre eux, Lluis Companys, en mémoire de ceux qui ont dû quitter leur terre natale sans jamais pouvoir y revenir, en mémoire de tous ceux qui ont transmis à leurs enfants cette langue à jamais ancrée dans le coeur, la chair et l’esprit des Catalans. Visca Catalunya. No pasaran. C’est avec tout cela, avec plus encore, avec leur âme que la Catalogne du
Barca entrera dans moins d’une heure dans ce stade qui chantera au-delà des mers et des temps l’hymne du Barca. Ce n’est plus une question de nationslité, de prédominance, de suprématie, de vengeance. C’est une question de vérité et d’équité vis-à-vis de soi-même. La Catalogne sera ce soir dans le coeur de Xavi Hernandez, qui avec son brassard de capitaine (ou sera-ce Puyol ?) sera pour 90 minutes le président acclamé de toute la Catalogne. Une carrière sportive exemplaire et cette récompense et cette responsabilité d’être celui qui, en serrant la main du Madrilène Ramos (ou sera-ce le grand retour de Casillas ?) saura lui dire adieu. Le Real reviendra au Camp Nou mais ce sera dans un autre pays. L’Europe ne veut rien en savoir encore, mais la Catalogne déjà n’est plus là.
Le Barca est prêt à vaincre, à perdre, à partager l’enjeu. Prêt à tout. Ce club, qui est plus qu’une équipe, gagnera, perdra, fera match nul.
Mais avec son âme catalane.
http://1dex.ch/2013/10/26/moi-letranger-au-milieu-des-catalans-pour-le-clasico-de-lindependance/
1 comentari :
El comparteixo amb molt de gust... Hiha més veritats en aquest article que en molts de gent pretesament ben informada...
Gràcies, Merci Stéphane Riand.
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