Posté le 17. sept, 2013 par Stéphane Riand
Le 11 septembre 2013, dès 17 heures 14, s’est déroulée une
extraordinaire et magnifique manifestation à travers toute la Catalogne.
Des centaines de milliers de personnes, au son des cloches, se sont
données la main. Du nord au sud. Des vieux, des enfants, des sportifs,
des malades, des femmes, des hommes, des gens de droite, de gauche, des
anarchistes, des conservateurs, des religieux, des incroyants, des
convaincus, des hésitants, des riches, des pauvres, des moches, des
beaux, tout un peuple s’est donné la main dans la joie pour oser cette
demande de paix : laissez-nous voter, laissez-nous décider de notre
avenir, laissez-nous construire notre propre démocratie, laissez-nous
choisir – ou non – l’indépendance.
La Catalogne, en ce moment décisif, constate aussi qu’elle est l’oubliée de l’Europe. Les médias qui – encore – comptent, les médias télévisuels les premiers, font silence. Hésitent. Tergiversent. Font semblant qu’ailleurs il y a de l’important. Que le futile est en Catalogne. Que l’on peut ainsi se taire sans trop éreinter sa profession. Que le journalisme européen n’a pas à se faire l’intermédiaire entre la Catalogne et l’Espagne. Et ce chemin de non-dits, ce chemin de couardise, ce chemin du n’importe quoi, c’est aussi celui choisi par la télévision suisse romande. Dans un tweet adressé à L’1dex, Darius Rochebin, le présentateur vedette de la télévision romande, de langue française, avoue qu’il ne connaît pas le sujet. Son supérieur hiérarchique ne semble pas enclin à envoyer un journaliste sur le terrain. On se presse pour ne rien dire. On s’empresse de ne rien faire. On s’entend pour perpétrer ce silence de si bon aloi, si parfaitement suisse, si mesuré, si absent. Qu’importe qu’une démocratie soit en mouvement à nos portes. Préférons la prudence du silence à l’ennui du bruit. Que les Catalans se débrouillent seuls, sachons, nous, prendre soin de notre confort, alimenté par quelques incidents lointains en Syrie ou par la capture en Pologne d’un violeur. Cette démocratie pacifique d’un peuple en état de désir d’indépendance ne vaut pas le coup de lunette. C’est bien dommage.
Bien dommage car la Catalogne donne à l’Europe un exemple magnifique de ce que peut être la démocratie. La Catalogne écrit sur son sol, en catalan, mais pour être traduit dans toutes les langues de la terre, son désir de vérité. Le sien. Pas celui de ses voisins. Pas celui de ses cousins. Pas celui de quelques coquins. Non le sien à elle, le sien, celui de la Catalogne, celui des Catalans, celui du pays catalan, de la nation catalane.
A quelques pas de chez nous, pas si loin, dans ces terres estivales où nous aimons paresser et aimer, à quelques pas de chez nous se crée un Etat, arrimé au désir assumé de sa propre démocratie. A quelques pas de chez nous l’Espagne dit « non ! » à la Catalogne. A quelques pas de chez nous la Catalogne poursuit sa route vers son indépendance.
A quelques pas de chez nous, la Catalogne, l’oubliée de l’Europe.
http://1dex.ch/2013/09/17/la-catalogne-loubliee-de-leurope/