dimarts, 13 de novembre del 2012

Le pouvoir espagnol confronté au drame des expulsés (Le Figaro)

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Crédits photo : JUAN MEDINA/REUTERS  

VIDÉO - Depuis le début de la récession, chaque jour 500 familles sont expulsées de chez elles. Deux suicides en deux semaines et l'émotion suscitée obligent le gouvernement à réagir.

 

Correspondant à Madrid
Pendant les deux prochaines années, les banques espagnoles n'expulseront plus de leur logement les familles en situation «d'extrême nécessité». La formule employée par l'Association espagnole des banques est imprécise, mais il s'agit d'une première amélioration tangible dans le dossier des desahucios (expulsions des mauvais payeurs). Depuis plusieurs semaines, le gouvernement espagnol affichait sa volonté de voir disparaître, ou en tout cas, s'estomper, ce drame quotidien provoqué par la crise économique.


En Espagne, 500 familles sont expulsées chaque jour de chez elles. Depuis le début de la récession, une même scène se reproduit, invariablement, dans des centaines de milliers d'immeubles. L'avocat d'une banque, deux fonctionnaires de justice et un serrurier se présentent à une porte. La police, parfois, les accompagne. On lit à la famille la décision du tribunal. Puisqu'elle ne rembourse plus son crédit, l'embargo de leur maison va être exécuté. La famille est priée, manu militari si besoin, de sortir: l'appartement appartient désormais à la banque. Parfois, cette dernière précise aux expulsés ce qu'il leur restera à payer. Le marché immobilier s'est effondré, et il ne suffit pas de rendre les clés pour s'affranchir de sa dette.
La scène est presque devenue banale dans l'Espagne de l'après-bulle immobilière. Mais vendredi dernier près de Bilbao, la tragédie humaine s'est ajoutée au drame social. Alors que l'on venait lui signifier son expulsion de chez elle, Amaia Egaña, une femme de 53 ans, a sauté par la fenêtre du quatrième étage. Il s'agit, en deux semaines, du deuxième suicide pour cause de desahucio. Sans compter les tentatives.

La prise de conscience répond à la mobilisation sociale

L'inquiétude sociale semble avoir accéléré la réaction des responsables politiques. Ce lundi, des membres du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy rencontraient des représentants du Parti socialiste (PSOE), la principale formation de l'opposition. La droite et la gauche veulent réformer ensemble la législation qui encadre les crédits immobiliers. L'exécutif évoque la possibilité d'un délai de carence. Pendant deux ans, les ménages incapables de payer leur emprunt pourraient consacrer leurs maigres ressources à leurs besoins les plus urgents. C'est semble-t-il, la solution que les banques espagnoles seraient prêtes à accepter. La dation en paiement est également sur toutes les lèvres. Cette formule permettrait aux Espagnols expulsés d'effacer l'ardoise, en échange de leur logement.
La prise de conscience répond à la mobilisation sociale. Des associations se battent, depuis des années, pour obtenir le droit à la dation en paiement et des aménagements des crédits. La défense des expulsés est aussi l'une des causes les mieux servies par le mouvement des indignados. Lorsque le serrurier arrive avec les juristes, il n'est pas rare qu'un barrage d'indignés le contraigne d'ajourner l'expulsion. Les manifestants sont parvenus à placer sur l'agenda politique un problème qui restait cantonné à l'intimité des familles.
La Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), l'un des fers de lance de la mobilisation, reste très sceptique. Sur son site, elle juge notamment «inacceptable» le délai de carence, car il exclurait les processus d'expulsion déjà lancés. De son côté, l'association de consommateurs spécialiste du secteur bancaire, ADICAE, demande d'augmenter à trois ans cette période de grâce.